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mardi 29 octobre 2013

Manga engagé : l'orchestre des doigts de Osamu Yamamoto

En 1912, un jeune étudiant japonais doit renoncer à son rêve : partir en Europe pour étudier la musique. Comme il doit gagner sa vie, il devient professeur dans un institut pour sourds et aveugles. Lui qui voulait faire de la musique, le voici contraint d'enseigner à des enfants qui ne peuvent pas entendre !
Mais Kiyoshi Takahashi se prend d'une véritable passion pour son métier et pour ces enfants, souvent issus de familles pauvres, considérés comme des débiles et traités comme tels. Il apprend la langue des signes japonaise et mène tous les combats, non seulement pour son école mais plus important encore pour la dignité et l'égalité des personnes sourdes dans la société japonaise.
Des combats, il n'en manqua pas durant toute son existence, d'abord pour faire reconnaître l'intelligence des personnes sourdes, puis contre la méthode oraliste qui refuse catégoriquement l'apprentissage des signes.
Constamment il cherche à améliorer la vie de ses élèves, en se battant pour les faire reconnaitre comme des citoyens à part entière. C'est la fin de la guerre et l'avènement de la démocratie qui apporta cette première victoire. Puis, les sourds créèrent une association. Mais la langue des signes n'est toujours pas enseignée de nos jours, sauf à l'institut d'Osaka, qui a intégré depuis longtemps des éléments d'oralisation, mais sans jamais renoncer à la langue des signes si importante pour l'apprentissage des sourds.
 Takahashi et l'institut qu'il dirigea ont traversé l'histoire japonaise, les guerres, les typhons, l'arrivée de la modernité. Jamais il ne baissa les bras devant l'adversité, donnant le meilleur pour ses élèves.
En lisant les quatre albums qui retracent la vie de cet homme bon et obstiné, j'ai pensé aux quelques scènes du film "Ridicule" mettant en scène l'Abbé de l’Épée, et au documentaire de Nicolas Philibert, Le pays des sourds, qui racontent tous deux des fragments de la longue histoire des sourds et de leur intégration (ou pas) dans la société. Et du long combat des sourds pour faire entendre leur différence par le langage des mains, le fameux orchestre des doigts.
Osamu Yamamoto  a un graphisme simple et clair, un peu moins fin que celui de Jiro Tanigushi, mais très agréable et expressif. Et il en faut de l'expression pour faire passer la détresse des enfants, mais aussi les doutes, les joies, les peines de tous.Il a su conquérir par la justesse de ses dessins le public des sourds, qui s'est reconnu dans cette magnifique biographie.

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